A l’Ecole Supérieure d’Art du Nord-Pas-de-Calais, 36 bis rue des Ursulines du 21 au 29 septembre 2019
Comme chaque année dans le cadre des journées du patrimoine, l’ESA de Tourcoing organise une exposition à thème du 21 au 29 septembre.
Celle de 2019 s’intitule Bestia Minotaure (La bête Minotaure en espagnol) et a pour objectif de rendre hommage à l’une des personnalités artistiques ayant profondément marqué l’histoire de l’Ecole des Beaux-arts de Tourcoing (aujourd’hui l’ESA), durant la seconde moitié du XXe siècle, à savoir : Jacques Reverchon.
En effet, Jacques Reverchon, né à Paris en 1927, décédé à Tourcoing en mai 1968, a été le fondateur de l’atelier de gravure de l’Ecole d’art de Tourcoing, et y a enseigné de 1962 à 1968.
En 1969, le Musée des Beaux-arts de Tourcoing (aujourd’hui MUba Eugène Leroy), rendra à l’artiste un premier hommage, en lui consacrant une rétrospective de son oeuvre gravée et peinte.
C’est en qualité d’élève à l’Ecole des Beaux-arts de Paris, puis en tant que second prix de Rome en 1952, que ce dernier va partir en Espagne comme pensionnaire de la Casa Velasquez à l’Institut de France à Madrid, afin de découvrir ce pays profondément meurtrie par des années de guerre civile, et surtout par le franquisme.
L’Espagne que découvre Jacques Reverchon, ces années là, a conservé cet “esprit austère” si présent et “stylistiquement ancré”, quelques siècles auparavant, dans les oeuvres du Greco, de Zurbaran ou de Goya, qui deviendront “les modèles” du jeune artiste.
C’est donc de 1956 à 1957, qu’à travers ses gravures, Jacques Reverchon témoigne d’une véritable fascination pour cette “culture du rituel et de la mort qui résonne de manière particulière en Espagne”, et qui est “le terreau” de l’art tauromachique, marquant profondément son oeuvre.
Dans son parcours artistique, la Tauromachie est une sorte de métaphore d’un pays en deuil de liberté, marqué par la pauvreté, et dont le peuple n’a de cesse, que d’assister régulièrement à ce spectacle, à la fois solennel, beau et funeste, comme seule échappatoire à la dictature, imposée par le général Franco.
La richesse graphique de son travail de gravure, érodé de traits puissants et sombres, restera fortement influencée par l’œuvre de Pablo Picasso, qui à la même époque, grave déjà des scènes tauromachiques, attentivement observées, dans les arènes d’Arles ou de Nîmes.
En gravant avec acharnement et passion les dix sept gravures de cette exposition, en à peine deux ans, Jacques Reverchon est ainsi entré en communion avec la plaque de cuivre, comme peuvent l’être le Torero ou le Picador face à la bête, dans une lutte acharnée et subtile, grâce à un rituel, emprunt à la fois d’élégance et de cruauté, de rigueur et de déférence.
Si nous devions conserver une seule image de cet illustre artiste, Jacques Reverchon ne ressemblerait-il pas finalement au héros de l’antiquité grecque Thésée, face au redoutable Minotaure ?