Jacques Reverchon est né en 1927 à Paris, troisième de cinq enfants. Il a toujours dessiné, encouragé dans son talent par ses parents, Joseph Reverchon et Antoinette Chaffal. « Le dessin est la base de tout, le dessin je suis sûr que c’est la base indispensable. Savoir admirablement dessiner, puis s’évader s’échapper de la formule du dessin, chercher une architecture, le trait est un besoin de l’homme », déclare-t-il le 21 novembre 1952 dans un écrit personnel[Où ?]. Tout est prétexte à dessiner comme en témoignent les croquis dans la marge de ses carnets d’écolier1.
Il passe les douze premières années de sa vie à Paris. La déclaration de guerre de 1939 contraint Joseph Reverchon à mettre sa famille à l’abri entre 1939 et 1943 à Le Pont-de-Beauvoisin (Isère). Jacques vit alors entre Lyon, où il est pensionnaire, et le Dauphiné : des années fondatrices pour la naissance de sa vocation. Jacques passe son temps à courir les chemins, escalader les arbres avec lesquels il noue une relation fusionnelle, observer les chevaux qu’il peindra et gravera toute sa vie et surtout les hommes au travail. Il forge son regard et n’aura de cesse de retrouver les sensations de son enfance, de s’immerger dans la nature. « Ceux que j’ai toujours aimés, ces paysans ronds, petits, mal rasés, jeunes ou vieux, simples et tranquilles, pourquoi ? Parce que j’étais fait pour être un paysan », déclare-t-il en 1961.
À l’âge de 15 ans, il sait déjà qu’il n’empruntera pas une route toute tracée, mais qu’il fera sien des chemins de traverse sur lesquels ses passions pourront converger ; Le 31 mai 1943, dans une rédaction, il l’exprime :
« Je voudrais peindre, mener une vie d’artiste, une vie indisciplinée, n’être commandé par personne, faire ce que je veux, travailler selon mes désirs. Etre tantôt peintre, tantôt sculpteur. Un jour il me prendrait envie de peindre un paysage : je partirais avec ma boîte de peinture comme seul bagage. Je m’installerais au milieu de cette nature tant aimée. Je la sentirais palpiter, s’animer autour de moi, et j’essaierais de la rendre, mettant toute mon âme à peindre ses couleurs innombrables et légères1. »
En 1943, la famille Reverchon regagne Paris. Jacques Reverchon entre à l’École nationale supérieure des beaux-arts en 1945, suit des ateliers libres comme il est de coutume avant d’être admis à titre définitif en 1948. Il est inscrit chez Narbonne pour la peinture (Bernard Buffet le précède de peu), chez Jaudon pour la lithographie et chez Goerg pour la gravure. L’air de mai 1968 n’a pas encore soufflé et l’École des Beaux-arts est attachée à un académisme de mise et à un art figuratif qui s’appuie sur le dessin. Alors que, dans cette période d’après-guerre, un air de liberté flotte dans la Capitale des Arts et certaines galeries parisiennes prennent parti pour l’abstraction lyrique ou géométrique.