L’artiste – Biographie 2

Plusieurs voyages d’étude sont l’occasion de découvrir l’Italie, ses grands maîtres et surtout des paysages qui l’envoûtent, lui donnant à jamais le goût pour la campagne méditerranéenne, ses couleurs, ses parfums, ses lumières, les cyprès et les oliviers. En 1951, Jacques, qui prépare le Prix de Rome en gravure (en eau-forte, sa technique de prédilection) écrit : « Je comprends qu’on puisse faire de ce paysage une belle chose, interprétée peut-être comme Simone Martini à Sienne. Il faut s’asseoir, dessiner, regarder. Les chardons sont beaux, se dressent avec leurs feuilles sèches et piquantes, les fleurs d’or aux reflets d’argent. Les cyprès sont noir-vert. ou vert-jaune. Les oliviers sont gris-vert et à côté d’eux des arbustes beaucoup plus petits vert d’argent. La terre est grise et ses ombres sont grises ».
Jacques Reverchon sort de l’école des Beaux-arts en 1952, avec une année d’interruption entre 1949 et 1950, pour un service militaire effectué en Autriche. Son talent de graveur sera couronné par deux prix prestigieux aujourd’hui disparus, un second premier Prix de Rome et le Prix Blumenthal. Jacques Reverchon excelle plus que jamais dans l’art de l’eau-forte, aime toutes les possibilités offertes par le noir et blanc, passionné par l’œuvre de Rembrandt. La couleur viendra plus tard. Ses professeurs encouragent son talent1.
En 1955, Jacques est retenu par l’Académie des beaux-arts pour être pensionnaire à Madrid à la Casa de Velázquez ou l’Institut français de Madrid. L’Espagne l’attire depuis longtemps, en attestent ses gravures illustrant la corrida. Il y passera deux ans, profitant de la bourse allouée pour voyager à travers l’Espagne, été comme hiver, d’abord en train, en bus, puis à vélo, à pied, s’égarant à dessein, partant à la découverte des paysages et des hommes du peuple. « Voyageur, je suis l’impénitent voyageur […] Je suis celui qui traverse l’Espagne, je suis d’Espagne peut être plus qu’un homme né ici qu’on appelle espagnol. Je suis celui qui regarde1. » Ne revenant à Madrid que pour graver, puisant dans ce qu’il aura glané sur les chemins (à travers ses carnets de croquis et pages poétiques) ou partagé en convivialité dans de petits bourgs écrasés de soleil ou balayés par la pluie. La Castille et l’Andalousie l’attirent, le retiennent spécialement. Les courriers ou notes personnelles témoignent d’un homme, écrivain-voyageur, amoureux de l’Espagne qui veut retenir toutes les saveurs de sa terre d’adoption et l’exprimer à travers ce qui fait « l’âme espagnole » : le flamenco, la corrida, le sentiment de la mort etc. mais aussi à travers tout ce qui l’opprime sous le joug intraitable du régime franquiste. Hormis quelques peintures à l’huile, le noir et blanc de ses gravures est là, pour dire toute la rigueur de ces années, un pays de contrastes d’ombres et de lumières au propre comme au figuré.Jusqu’à la fin de sa vie, Il retournera régulièrement en Espagne pour cueillir son inspiration1 .

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